A Delhi, les voitures sont à peine plus rapides que les piétons. Depuis le décollage économique du pays en 1991, elles encombrent les routes et les trottoirs au point que les automobilistes roulent de plus en plus lentement, à 18 km/h en moyenne. KS Mehra, le préfet de New Delhi, a donc proposé, le 7 décembre, de mettre en place un péage urbain, comme à Londres ou à Singapour, pour décongestionner la capitale, à ceci près que Delhi n'a pas de centre-ville...
(...)
La mesure prévoyait que les conducteurs paient entre 1 et 3 euros par jour, en fonction de la taille de leur véhicule, pour circuler dans les zones les plus congestionnées. "Le péage
urbain réduira le trafic et encouragera les habitants à utiliser les transports publics", explique M. Mehra.
Il y a vingt ans, le problème des embouteillages ne se posait pas en Inde : il fallait attendre en moyenne sept ans
pour obtenir livraison d'un des trois modèles de voiture disponibles dans le pays. Aujourd'hui, plus d'un million de véhicules se vendent chaque
année et près de 800 sont mis en circulation chaque jour dans la capitale.
(...)
Delhi est pourtant une ville faite pour la circulation automobile, avec les grandes artères qui composent la partie nouvelle de la capitale, aménagée par les Britanniques au début du
XXe siècle. Mais, depuis l'augmentation du trafic, les avenues sont devenues aussi dangereuses à traverser qu'une autoroute : près de 1
000 piétons meurent chaque année.
CHAMEAUX ET ÉLÉPHANTS
Il n'y a pas que la hausse du nombre de véhicules qui provoque des embouteillages. Delhi ne compte que 80 voitures pour 1 000 habitants (700 à Rome ou 400 à Stockholm). "Les conducteurs roulent en toute impunité. Il y a 4 500 policiers pour 30 000 kilomètres de route et la plupart d'entre eux ne font que gérer le trafic", se désole Rohit Baluja, le président de l'Institut pour la prévention routière en Inde (IPRI). Certains automobilistes n'hésitent pas à faire marche arrière ou à rouler à contresens pour emprunter un raccourci. D'après les calculs de l'IPRI, il y aurait 146 millions d'infractions au code de la route chaque jour à Delhi. La diversité des modes de transport ne facilite pas non plus la fluidité du trafic. Les grosses berlines doivent se faufiler entre les tricycles à moteur ou à pédales, tout en évitant les chameaux et les éléphants, nombreux pendant la saison des mariages. La municipalité recense plus d'une trentaine de types de véhicule, y compris ceux qu'elle range dans la catégorie "inconnus".